L'observation de la réapparition massive du collage et de l’assemblage dans la pratique des artistes contemporains est à l’origine de l’exposition Kollision. Im Labyrinth der unheimlichen Zufälle (Collision. Dans le labyrinthe des hasards étranges).
Techniques récurrentes, qui réapparaissent dans un monde contemporain globalisé et « virtualisé », où tout est pêle-mêle accessible, simultanément et indépendamment des l’époques, des catégories, des sujets… Ce phénomène que l’on peut comparer à l’avènement de l’électricité au début du 20 ème siècle – La fée électricité-, ou à celle de la démocratisation des méthodes de reproduction de l’image, influence au même titre la pratique des artistes contemporains.
Au début du 20 ème, Braque et Picasso 1 introduiront sous le nom de « papiers
collés », ce qui reprit et
largement utilisés par Dada2 prendra
le nom de collage. Pour les premiers,
papiers puis objets collés sur la toile participaient de l’expérimentation de
la tridimensionnalité et de la question de la représentation. Pour les seconds,
le collage prendra la valeur d’une antipeinture
exprimant la volonté de Dada, de remettre
en cause la pensée et l’expérience créatrice.
Repris par les surréalistes, collage et assemblage vont,
comme le souligne Werner Spies, au contraire du « nihilisme
esthétique » de Dada4, être utilisé pour leurs caractères « ouverts »4.
En effet, grâce à aux analogies fantasmagoriques et
poétiques, aux dissonances et à l’étrangeté qu’elles produisent, ces techniques
vont être considérées comme autant de procédés possibles, ouvrant au
renouvèlement de l’expérience créative et nécessaire à l’expression d’une
esthétique nouvelle.
C’est précisément cet ensemble de possibilités et
d’expérimentations créatives, fait de ruptures et de continuités, qui fait écho
à une situation contemporaine où le modèle du Net s’est imposé. La simultanéité et
la virtualité
y produisent autant de rupture et de continuité.
Mais le modèle de l’Internet appliqué à la communication et à
l’information, a aussi une influence notable sur le statut actuel de
l’image.
La rapidité d’accès de plus en plus réclamée par les
utilisateurs, fait que d’une façon générale l’image retrouve son statut de
medium privilégié. Un statut originalement iconique, c’est-à-dire de signe, souvent plus
immédiat que le texte. La généralisation de l’utilisation des émoticônes en est
un exemple. L’image est omniprésente,
polymorphe, accessible et utilisable de
façon permanente.
Nonobstant cette ubiquité
de l’image, tous types d’informations, de bibliothèques, de réseaux, de
pensées et d’opinions se trouvent en libre circulation. Déjà en 2001, Nicolas
Bourriaud dans Post production5 en analysait la tendance sur la production
artistique.
Actuellement, de plus
en plus d’artistes puisent, autant dans les répertoires de formes picturales et
esthétiques mise en circulations, que dans la masse d’informations circulant en
flux continus et indifférenciés : géographie, temps, catégorie, forme,
dimension, pensée, économie, politique, culture, esthétiques, … Sans tomber dans l’écueil de la citation
Postmoderne, ces artistes utilisent ces références pour en distendre les
limites d’une réinterprétation créatives.
Ce répertoire, ou fond «d’accessoires» se constitue en
motif, qu'ils utilisent, combinent et déclinent et dont la collision produit
des étrangetés, qui présentent certaines analogies avec le surréalisme. C’est à
ce point de rencontre, que l’exposition Kollision Im Labyrinth der
unheimlichen Zufälle s’attache.
Ce phénomène, qui émerge au sein d’une tendance conceptuelle
établie, semblait encore récemment impossible ou impensable. Le Surréalisme
ayant souffert en son temps d’une mauvaise réception de la critique américaine,
puis d’un essoufflement progressif jusqu'à sa dissolution dans les années 60,
n’a pas été pendant longtemps vu à sa
juste valeur et ne se constituait pas en références avouables.
Un recul permettant une relecture distancée, l’évolution de l’environnement
technologique et un certain contexte
économico-politico-écologique, peuvent permettre ce rapprochement.
Il n’est cependant pas question ici de parler d’un retour du
Surréalisme, aucun artiste ne s’en réclame, mais plutôt de remarquer une
proximité ou une analogie, une affinité.
Et si l’on considère que la pratique contemporain du collage
et de l’assemblage se fait en puisant dans un fond constitué de motifs
« recyclés »6, on
peut aussi comparer le phénomène, à celui-ci au sampling apparu dans les modes
de création musicale, à partir des années 70 et qui s’est généralisé dans les
années 90 avec la musique Techno et Electro. La brèche ouverte par la musique
s’est élargie, au domaine des Arts plastiques.
Mais collages et assemblages ne sont pas les seules
techniques utilisées par les artistes présentés, permettant de faire un parallèle
entre pratique contemporaine et
surréalisme
L’utilisation de l’accident, la sérendipité, la
juxtaposition, qui peut par ailleurs aussi être comparée au mode d’une flânerie
virtuelle sur le Net, se constitue en mode poétique. Pour les surréaliste la
forme poétique était le médium privilégié, car nous le dit René Crevel : « La
poésie ainsi, lance des ponts d’un sens
à l’autre, de l’objet à l’image, de l’image à l’idée, de l’idée au fait
précis (…)».
Mais encore en prônant l’abolition de la hiérarchie des catégories
techniques dans l’utilisation de toutes les formes d’expression humaine telles
que la peinture, la photo, l’écriture, le dessin, le film, les surréalistes ne préfiguraient-ils
pas l’installation contemporaine, genre
devenu incontournable ?
Le renouvellement esthétique cherché par les surréalistes ne
pouvait en passer que par la notion de révolution, car il devait pour ce faire
passer par « la destruction du principe de causalité et du
positivisme », qui régissait la pensée et la société européenne à l’époque
du chaos moral, social et politique de la Première Guerre mondiale.
Aujourd’hui, l’heure n’est plus aux révolutions, la chute du
communisme semble avoir mis un point à toutes formes d’utopie. Malgré cela, le
climat de trouble et d’incertitude qui est devenu le lot quotidien de nos
sociétés mondialisées, replace l’humain au centre des débats.
Les démissions climatiques et autres tracas politiques
ont peu à peu raison, de la suffisance
humaine. Notre fragilité, mise à nu, nous recentre l’homme dans le discours
esthétique, redonne une place à l’humain dans les motivations artistiques. Une
fois de plus, le contemporain croise le surréalisme, qui historiquement est lui
apparut aussi dans une période de bouleversements. (...)
Kollision
02.04 - 26.06.2016
Curation et scenographie Conny Becker und Marie-josé Ourtilane
Kunstraum Kreuzberg/Bethanien
Avec : Astali/Peirce, Manon Bellet, Matti Isan Blind, DAS INSTITUT, Tatiana Echeverri Fernandez, Roland Flexner, Heike Gallmeier, April Gertler, Yunchul Kim, Birgit Krause, Alicja Kwade, Jan-Holger Mauss, Myriam Mechita, Jérôme Poret, Thomas Rentmeister, Roman Schramm, Michael Schultze, Ivan Seal, Heidi Sill, Henrik Strömberg, Claudia Wieser, Zoé T. Vizcaíno
Performance de Jérôme Poret et Pharoah Chromium pour le Vernissage
Kollision
02.04 - 26.06.2016
Curation et scenographie Conny Becker und Marie-josé Ourtilane
Kunstraum Kreuzberg/Bethanien
Avec : Astali/Peirce, Manon Bellet, Matti Isan Blind, DAS INSTITUT, Tatiana Echeverri Fernandez, Roland Flexner, Heike Gallmeier, April Gertler, Yunchul Kim, Birgit Krause, Alicja Kwade, Jan-Holger Mauss, Myriam Mechita, Jérôme Poret, Thomas Rentmeister, Roman Schramm, Michael Schultze, Ivan Seal, Heidi Sill, Henrik Strömberg, Claudia Wieser, Zoé T. Vizcaíno
Performance de Jérôme Poret et Pharoah Chromium pour le Vernissage
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Roman Schramm : Installation Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Henrick Strömberg : Photo, Alicja Kwade : Installation Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Myriam Mechita : Dessins, Céramique, Objets Photo Ⓒ mj Ourtilane |
Myriam Mechita : Dessins, Céramique, Objets
Photo Ⓒ mj Ourtilane
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Michael Schultze : Installation, Yunchul Kim : Boites Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Heidi Sill : Collages Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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DAS INSTITUT : Photos Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Manon Bellet : Papier brulé, Henrick Strömberg : Photos Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Henrick Strömberg : Photos, Mati Isan Blind : Video, Ivan Seal : Peinture Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Thomas Rentmeister : Mur, Jan-Holger Mauss : Grattage Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Claudia Wieser : Installation Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Claudia Wieser : Installation (détail) Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Ivan Seal : Peintures, Tatiana Echeverri Fernandez : Objets Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Tatiana Echeverri Fernandez : Objets Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Ivan Seal : Peintures, Thomas Rentmeister : Mur Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Ivan Seal : Peintures Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Heike Gallmeier: Installation Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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Performance de Jérôme Poret et Pharoah Chromium Photo Ⓒ mj Ourtilane |
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