Connexion-Berlin: Art: Gallery Weekend 2014

Avec un peu de retard voici mon panier pour ce dernier “ Gallery Weekend ”.
Que dire de cet évènement qui n'en fait presque plus un... Est-ce dû au temps météorologie, qui ne fut clément qu'une journée sur trois ? Au temps social, économique qui de crises en rédemptions peine à reprendre son souffle ?... Toujours est-il qu'années après années la cohorte des visiteurs s'amenuise tout autant que le défilé de limousine voiturant le VIP. On est passé de la dolce vita corporatiste, aux dîners d'initiés...
Quels évènements restaient - ils, à voir cette année ?
Beaucoup de peintures, ou un retour à la peinture, ou peut être plus exactement à la matière... En tout cas, c'est ce qui à le plus retenu ma partiale attention ...
Et puis un souffle d'étrangeté, une esthétique au croisement de cette faneuse beauté convulsive, naissant de la rencontre d'un parapluie et d'une machine à coudre sur une table de dissection et les réminiscences conscientes ou non de différents temps de l'historique de l'art ... Des relents d'Action Painting, d'Expressionnisme Abstrait, d'expérimentations du corps à ses matières, à la matière ...
Ma première approche de certaines de ces œuvres, s’est souvent caractérisée par un certain “ dégoût ”. Mais le caractère ostentatoire du phénomène, générant des questions, s'est métamorphosé en une certaine fascination ...

Chez Johann König, Jessica Jackson Hutchins étoile montante internationale, mélange les styles, art /artisanat, rituels quotidiens/gestes artistiques. Elle explore les relations entre les individus et les objets, et la façon dont la forme “ informe ” l'autre. Le canapé, objet récurrent de ses sculptures, préfigure une sorte de compilation des instants publics et privés qui érige la vie quotidienne en monument.

Chez Silberkuppe, Leidy Churchman ... Difficile de lui trouver une case... La peinture est sa matière, son hymne. Il la site, la maltraite, la filme, utilisant le vaste spectre de ses possibles stylistiques, de la facture naïve à l'expressionnisme abstrait en passant par la narration performative. Étonnant, déroutant et riche.

Chez Sommer & Kohl, Andreas Eriksson ... Peintures monumentales, ponctuées de petits formats pour cette exposition. De l'huile, juxtaposé en contraste d'épaisseur et de surface sur une toile qui est, elle, hachée par une touche qui la trame, comme s'il s'agissait d'un carton de tapisserie. Ce que l'artiste au demeurant fait aussi réaliser, mais dans des formats plus petits. Ce sont les gammes de couleurs sourdes, les mélanges de terres, siennes, ombres, gris qui donnent à cette peinture abstraite sa teneur de paysage ... Un peu comme le vent qui en animant les nuages dessine et redessine des cartographies infinies. Ici la couleur crée des blocs de tension et des parcelles, qui “ spatialise ” l'abstraction. De ces constructions s'ébauche parfois un monolithe récurrent, dont la frontalité n'est pas sans rappeler les montagnes qui se dressent dans les paysages du Quattrocento ...

Comme pour Jessica Jackson Hutchins et Leidy Churchman mais dans un tout autre registre, il y a du syncrétique dans ce travail. Le syncrétisme est en principe un phénomène appliqué au religieux, mais si l'on ne s'attache qu'au phénomène, qui se traduit par la synthèse et la fusion d'éléments hétérogènes, on obtient un processus créatif qui dépasse la simple citation ou influence, de genre, d'école ... Un processus qui fonctionne avec notre temps, aux confins de tous les réseaux.

Jessica Jackson Hutchins